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6 Décembre 2016
Lisez le texte sur les peurs des Français, extrait du magazine "Psychologies". Puis, répondez aux questions.
73 % des Français craignent que leurs enfants soient enlevés ou qu’ils disparaissent.
Un autre élément frappant du sondage : la peur des agressions sans motif qui prédomine, alors que, toujours statistiquement, ce sont les vols de portables et les vols de sacs qui ont explosé…
C.H. : Avec l’agression sans motif, on rentre dans le monde du cauchemar. Un monde imaginaire où n’importe qui peut vous agresser, simplement parce que c’est son bon plaisir et qu’il n’y a pas de loi. Or, dans la réalité, quelqu’un qui vous poignarde dans la rue, c’est rarissime. Cette peur est le symbole même de l’irrationnel.
M.D. : Cette présence de l’irrationnel s’exprime aussi dans les peurs qui concernent les enfants : disparition, agressions sexuelles, etc. Elles sont de loin supérieures à la peur du racket, qui est pourtant, statistiquement, le phénomène le plus répandu…
C.H. : Je crois qu’il faut repasser par Freud : pour lui, le seul deuil impossible à faire pour un être humain, c’est celui de son enfant. Parce que c’est le monde à l’envers que son enfant meure avant soi et parce que – inconsciemment – l’enfant est celui qui nous permet de retrouver notre narcissisme de nourrisson, celui de l’époque où nous étions le centre et le maître du monde et auquel nous avons dû renoncer. L’enfant fait revivre quelque chose de notre enfance perdue. S’il meurt, elle meurt avec lui une seconde fois. On peut d’ailleurs rapprocher la peur de voir disparaître son enfant de la peur de l’agression sans motif. L’idée de disparition évoque, elle aussi, le cauchemar. Il y avait quelqu’un, et, hop, tout d’un coup, il n’y a plus personne ! On se retrouve dans cette situation quand des personnes disparaissent : on ne peut pas en faire le deuil, il n’y a pas de corps à enterrer…
En ce qui concerne vos enfants, vous arrive-t-il d’avoir peur… ?
... qu’ils soient agressés sans motif :
oui : 83 %
non : 16 %
(NSP) : 1 %
... qu’ils soient agressés sexuellement :
oui : 76 %
non : 24 %
(NSP) : -
... qu’ils soient victimes de racket :
oui : 75 %
non : 24 %
(NSP) : 1 %
... qu’ils soient enlevés, qu’ils disparaissent :
oui : 73 %
non : 27 %
(NSP) : -
... qu’ils soient entraînés à se droguer :
oui : 67 %
non : 33 %
(NSP) : -
... qu’ils soient victimes de pédophilie :
oui : 65 %
non : 35 %
(NSP) : -
Concernant leurs enfants, les Français manifestent une inquiétude tous azimuts. La peur des agressions sans motif culmine à 86 % dans les départements où le taux de délinquance est très élevé, ce qui conforte l’idée d’une corrélation assez claire entre les données subjectives et les données objectives.
58 % des Français ont peur des agressions sans motif
Ne pensez-vous pas que la façon qu’ont les politiques et les médias de parler de l’insécurité est un amplificateur de nos peurs ?
M.D. : Bien sûr. Je suis toujours frappée par les termes employés par les médias ou les politiques. Comme cette phrase de Jacques Chirac, reprise sur les unes : « Plus personne en France n’est à l’abri. Plus personne ne se sent à l’abri. » Ou encore l’utilisation du mot violence à la place de celui de délinquance. Quand on dit "violence, on ne parle plus du comportement sociologique, mais d’un fait de la nature. On crée ainsi l’idée que l’action humaine ne peut plus rien contre cette espèce de force irrépressible, inéluctable.
C.H. : Le problème, avec le discours des médias et des politiques, c’est non seulement qu’il n’explique rien, mais qu’il majore la peur et en rajoute dans l’incompréhension. Il joue comme une parole parentale qui ne rassurerait pas. Parole de parents qui auraient peur eux-mêmes. Alors, au lieu de rassurer l’enfant, elle sert d’amplificateur à sa peur.
M.D. : A ce propos, j’aimerais faire un petit retour sur l’agression "sans motif" pour la rapprocher du discours médiatique sur les terroristes, notamment lors des événements du 11 septembre. On a présenté tous les terroristes, et en particulier Ben Laden, comme des êtres incompréhensibles. Je crois que moins on comprend les raisons de quelqu’un, plus celui-ci est menaçant. Or, il y a toujours une raison…
L.B.T. : En tant que policier, je suis frappée par la différence de nature des discours. Notre rôle n’est pas de comprendre les motifs, mais d’apporter au citoyen des réponses concrètes. Car il y a toujours des motifs. Vous vous placez dans le registre de l’explication. Intellectuellement c’est passionnant, mais la police est dans l’obligation de trouver une réponse appropriée pour assurer la sécurité.
C.H. : Je ne suis pas tout à fait d’accord. Je crois que le discours explicatif permettrait aux gens de mieux se protéger. L’incompréhension accroît la peur parce qu’elle ne permet pas de sortir du monde des "monstres" et du cauchemar. Si on expliquait aux gens, avec des exemples précis, la complexité, le tissage extrêmement serré qui peut mener quelqu’un à la violence, ils ne verraient plus les agresseurs comme des extraterrestres, et se sentiraient donc moins impuissants face à eux.
M.D. : Cette absence de clarté a des conséquences directes sur le quotidien des gens. A l’école maternelle de mon fils, une école calme, une maman s’est plainte en disant : « Ma petite fille s’est fait harceler, il y a un problème d’enfants violents à l’école. »
C.H. : Là, ça va loin. Cela sous- entend qu’il y aurait des enfants naturellement violents, des "sauvageons". Employer ce terme est extrêmement grave. Ça induit l’idée que ces enfants seraient nés comme ça, que c’est une race à part.
Vous arrive-t-il d’avoir peur ?
D’être victime d’un cambriolage :
oui : 63 %
non : 37 %
(NSP) : -
De vous faire agresser verbalement ou insulter :
oui : 58 %
non : 42 %
(NSP) : -
De vous faire agresser sans motif :
oui : 58 %
non : 42 %
(NSP) : -
De vous faire agresser pour vous faire voler votre sac ou portable :
oui : 55 %
non : 45 %
(NSP) : -
D’être victime d’un vol de voiture avec violence :
oui : 52 %
non : 46 %
(NSP) : 2 %
De vous faire agresser sexuellement :
oui : 25 %
non : 75 %
(NSP) : -
De prendre l’avion à cause des risques d’attentats :
oui : 22 %
non : 74 %
(NSP) : 4 %
Signe de la banalisation de la petite délinquance, la peur des cambriolages et des agressions verbales est également répandue à travers tout le territoire. L’agression sans motif (rarissime dans la réalité) effraie 58 % des Français.
Commentaires du sondage : Jérôme Fourquet (CSA)
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http://www.psychologies.com/Moi/Epreuves/Deuil/Articles-et-Dossiers/De-quoi-avons-nous-peur/4